dimanche 5 septembre 2010

Rock En Seine 2010

C’est sous une météo très maussade qu’a démarré la septième édition du festival parisien Rock en Seine. En effet à peine arrivés sur scène, les américains de Minus The Bear démarrent leur set sous une averse. Peu inspirés, délivrant un rock somme toute bas de gamme, la manifestation ne démarra pas de la meilleure manière. Heureusement les lillois de Roken Is Dodelijk chassent les précédents nuages musicaux avec une prestation de très bonne tenue. Bien en place, vifs et prometteurs, le rock qu’ils produisent m’enchante véritablement. Un groupe à suivre de près.
Puis se pointe sur la grande scène Kele Okereke. Le leader de Bloc Party (en veilleuse actuellement) en chemisette colorée et short Adidas produit un set aux relents d’un dance machine. Le côté décontracté et amusé de l’anglais fait toutefois mouche. Restant principalement sur les titres de son album solo, celui n’oublie pas les fans de son rock band en distillant un medley electro de ‘blue light/ares/one more chance’ et concluant son set par un ‘flux’ de très bonne tenue.
Le meilleur concert de cette première journée est adjugé à Foals. Le quatuor d’Oxford ne quitte plus la France (ils étaient à la route du Rock il y a deux semaines et reviennent prochainement pour une tournée.). Sous une pluie fine et dérangeante, les anglais livrent une quarantaine de minutes de concert intense. Principalement axés sur leur dernier opus ‘Total life forever’ sans oublier l’hymne ‘Olympic airways’ issu de ‘Antidotes’, la machine tourne à plein régime. Il n’est pas possible d’en dire autant du groupe qui leur succéda. The Kooks ne réussissent plus à m’enivrer avec leur pop adolescente décidément bien ennuyeuse. Fort heureusement, ils jouent encore certains classiques de leur premier album car depuis ils se sont sérieusement empêtrés dans une écriture des plus insipides. Et ce n’est pas le nouveau titre entendu lors de ce premier soir qui semble inverser la tendance. A la différence de ces jeunots, French Cowboy affichent physiquement et musicalement une bien plus grande maturité. Les anciens Little Rabbits, parfaitement rodés sur scène, déversent un rock puissant et plaisant. Les longues mélodies, parfois bouclées, de leurs compositions m’impressionnent véritablement. A mon sens, c’est la très bonne surprise du jour.
A contrario, les pâles Black Rebel Motorcycle Club constituent une prévisible déception. A l’image de leurs derniers albums, les californiens ne sont plus que l’ombre d’eux-même. ‘Love burns’ ne réussit pas à sauver leur pauvre performance et m’incite à quitter le site de Saint Cloup plus tôt que prévu….

La seconde journée démarre sous le soleil et sous le signe de la jeunesse avec Two Door Cinema Club. Les irlandais pratiquent une pop joyeuse et rythmée. Le public est séduit par les pop songs souriantes mais toutefois un peu répétitives de ce trio. L’aventure aussi plaisante soit-elle, durera t’elle pour eux ? Je n’en suis pas convaincu.
Suite au tragique décès du leader de Où est le swimming Pool lors du Pukkelpop festival, les organisateurs de Rock en Seine ont profité de la présence de Martina Topley Bird au sein de Massive Attack pour les remplacer. Celle-ci arrive sur scène dans une robe rouge, masquée d’un loup peint de la même couleur et au contour doré. Dans une formation des plus réduites, elle et son batteur/guitariste ninja nous entraînent dans une ballade musicale gentille et plaisante.
Réduits à un set electro accoustique, suite à un problème de matériel bloqué au Portugal, Jonsi et sa bande sont contraints et assurément frustrés de ne pouvoir fournir le set qu’ils se devaient de nous présenter. Le leader de Sigur-Ros dans son costume tout en guenilles pose sa voix de crystal sur un groupe forcément toute en retenue. L’endroit se prête peu à l’exercice, même si le lutin islandais et sa bande s’en sortent toutefois avec les honneurs.
LCD Soundsystem va enfin lancer la seconde journée du festival. James Murphy et sa troupe se lancent dans un show des plus réussis et fait danser le public comme jamais. Le côté bluffant dans leur show est bien le fait de découvrir que c’est un véritable groupe de scène et non juste de studio comme il serait aisé de l’imaginer. Les tubes déferlent ‘Drunk girls’, ‘Tribulations’, ‘All my friends’…Le show se termine par l’inévitable ‘New York I love you but you’re bringing me down’. On en redemande !
Ce n’est pas vraiment le cas pour Massive Attack. Le set du duo de Bristol nous en met plein la gueule avec un son puissant et un jeu de lumières idéalement calibré pour ce genre de manifestation. Horace Andy et Martina Topley Bird sont les guests de la soirée. Cependant, le côté froid et très pro de ces champions du studio ne fonctionne pas véritablement sur cette scène sombrement bleutée. Le merveilleux ‘Heligoland’ reste plus convivial à écouter chez soi.

Le dernier jour de Rock en Seine démarre on ne peut plus mal avec the Temper Trap. Les australiens me lassent très vite avec un chanteur à la voix insupportable et un rock très superficiel. A oublier de toute urgence !!!
The Black Angels dissipent heureusement ce début raté de festival. Avec un psychédélisme extrême (4 guitares sur certains titres mêlées au drone machine !), les américains m’hypnotisent par leurs mélodies diaboliquement efficaces. Quarante petites minutes où ils nous font découvrir quelques titres de leur prochain opus ‘phosphene dream’, mais où l’inévitable ‘black grease’ issu de ‘Passover’ trouve sa place. Dommage que le concert ait eu lieu en pleine après-midi, l’intensité dans l’obscurité aurait certainement été encore plus décuplée.
Passons sur le blues de Eels dont je n’ai vu qu’un seul titre et que je qualifierai de passablement anecdotique. Beirut vers 18h arrive sur la grande scène du festival. Leur set démarre par un ‘Nantes’ un peu décevant notamment à cause d’une rythmique bien trop sage et en retrait. Zach Condon revisite quelques titres de ses 3 albums avec une certaine chaleur émotionnelle. Toutefois il manque quelque chose pour m’enchanter véritablement. Un peu comme un plat manquant de saveur, les musiciens (très bons au demeurant) déroulent un set sous le signe du minimum syndical. L’endroit n’est pas être pas très adapté pour Beirut et malgré un nouveau titre sans grande surprise, la petite heure de performance laisse comme un goût d’inachevé.
Waves Machines et sa gentille électro ne marquera pas les foules. Quand à Roxy Music, que dire d’un monument qu’on tente de restaurer ? Certes, Bryan Ferry est irréprochable et méga classe, mais ses musiciens, aussi bons soient-ils, font peine à voir. On dirait un groupe de vieux copains qui fait un bœuf au café du coin pour fêter les retrouvailles. Les chansons ont vieilli en plus, certains solos de guitare datent sérieusement, bref cela reste une curiosité.
Enfin pour terminer cette aventure 2010, les canadiens d’Arcade Fire clôturent sur la grande scène le festival de Rock En Seine. Un son très puissant, un groupe calibré pour la scène, la colonie de musiciens impressionnent par son aisance à envouter les festivaliers. ‘Ready to start’ met tout le monde d’accord sur l’importance de cette formation dans le milieu du rock actuel. Malheureusement la prestation de la troupe de Montreal sera avortée par la pluie et le sous-équipement technique mis en place par les organisateurs. Un finish un peu frustrant donc, comme un feu d’artifice un peu gâché par quelques pétards mouillés.

En définitive du bon et du moins bon à Rock en Seine. Les trois noms à retenir de ce festival sont à mon sens : LCD Soundsystem, Arcade Fire et The Black Angels